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Les preuves de l’ingestion de microplastiques par l’homme s’accumulent. Il ne fait plus de doute désormais que nous ingérons ou respirons quotidiennement des particules de plastique. L’impact sur la santé commence à se dessiner.

Dans un objectif de conscientisation afin de vous amener à protéger votre santé (voir dernière partie), j’ai cherché à résumer ici les principaux résultats disponibles dans la littérature scientifique sur l’ingestion de plastique puis sur leur impact sur notre santé.

Ingestion humaine de microplastiques

  • Les particules sont transférées de l’environnement à l’homme principalement par inhalation, par ingestion et, dans une moindre mesure, par contact cutané.
  • Les plus grandes sources alimentaires connues et étudiées à ce jour sont l’eau en bouteille et les fruits de mer, mais aussi le miel, et plus étonnamment le sucre, le lait, les fruits et la viande. La fréquence de consommation de ces catégories d’aliments détermine la quantité de plastiques absorbée.
  • En moyenne, la quantité de plastique ingérée oralement par l’Homme est estimée entre 0,1g et 5g par semaine, soit l’équivalent au maximum d’une carte de crédit ingérée par semaine!
  • Une autre manière de décrire la consommation provient d’une méta-analyse qui a mesuré entre 39000 et 52000 particules ingérées par an à travers l’alimentation solide, auxquelles il faut ajouter 35000 à 69000 particules inhalées par an (les sources en ville: les particules issues des plaquettes de freins et des pneus de voitures). En outre, la consommation d’eau en bouteille apporterait 90 000 particules par an, contre 4000 pour l’eau du robinet (aux USA).
  • En « sortie », toute personne expulse en moyenne une 20aine de particules plastique pour 10g de selles (à multiplier par 15 ou 20 pour calculer la quantité quotidienne).

Impact des microplastiques sur la santé humaine

  • La fraction la plus fine des microplastiques (particules de taille inférieure à 10 voire 2,5 microns) sont susceptibles de passer la barrière intestinale via les cellules M des plaques de Peyer, et serait source d’inflammation et de stress oxydatif, compte tenu de l’exposition permanente au plastique. L’inflammation créé par le plastique se produirait au niveau cellulaire de façon dose dépendante par le biais des cytokines et chimiokines. La fraction de taille inférieure à 0,13mm passerait entre les jonctions serrées en cas d’intestin hyper-poreux (« leaky gut syndrom »). Les nanoparticules se retrouveraient dans les tissus de certains organes dont le cerveau, les poumons, le foie, la rate, les reins, et le cœur. Une recherche montre également la présence de polystyrène et PET dans la circulation sanguine. 80% des personnes testées dans l’étude étaient concernées. 50% d’entre elles avaient du PET dans le sang (source principale de PET: les bouteilles d’eau) et un tiers avaient du polystyrène (source principale: certains emballages alimentaires).
  • L’inflammation de bas grade produit des conséquences sur le long terme, mais les sources de cette inflammation à bas bruit sont multiples. L’impact isolé des microplastiques n’est pour le moment pas quantifié.
  • Les selles émises par les personnes atteintes de MICI (maladies inflammatoires chroniques de l’intestin) contiendraient davantage de microplastiques que celles des sujets sains mais sans effet de causalité démontré. L’explication serait une rétention moins importante en cas de MICI.
  • Les microplastiques sont vecteurs de perturbateurs endocriniens et en émettent également eux-mêmes. En ce sens ils perturbent le fonctionnement hormonal, principalement chez l’enfant, l’adolescent.e, la femme enceinte et ménopausée, mais pas seulement. Des nanoparticules de plastique se retrouvent jusque dans le placenta.
Hypotheses de voie passage microplastiques intestin Wright S 2017
Hypothèses des voies de passage des particules microplastiques à travers la paroi intestinale humaine, d’après Wright S. et al. 2017.
(A) Absorption de particules microplastiques (taille 0,1 à 10 microns) à partir de la lumière intestinale par endocytose par les cellules M des plaques de Peyer. Les cellules M prélèvent et transportent les particules de la lumière intestinale vers les tissus lymphoïdes muqueux. (B) Absorption de particules microplastiques (taille jusqu’à 0,13mm) de la lumière intestinale par persorption paracellulaire. Les particules peuvent être malaxées mécaniquement à travers des jonctions lâches dans la couche épithéliale unicellulaire dans le tissu sous-jacent. Les cellules dendritiques sont capables de phagocyter ces particules, les transportant vers les vaisseaux lymphatiques et les veines sous-jacents. La distribution aux tissus secondaires, y compris le foie, les muscles et le cerveau, pourrait se produire.

Comment éviter les microplastiques et réduire l’impact des polluants sur sa santé

  • Réserver la consommation de coquillages aux occasion festives: moules, huitres, coques, etc.
  • Boire une eau filtrée plutôt qu’une eau en bouteille (filtres Doulton ou fontaines Berkey par exemple). L’eau du robinet présente des avantages et des inconvénients mais du point de vue du plastique, l’eau du robinet filtrée est préférable à l’eau en bouteille.
  • Passer à l’eau les fruits et légumes avant consommation.
  • Faire une détoxication au moins une fois par an, en consultant votre micronutritionniste ou naturopathe. L’objectif est d’évacuer les polluants dont ceux véhiculés et émis par le plastique. Soigner l’hyperperméabilité intestinale et l’éventuelle dysbiose intestinale (voir ici).
  • Adopter l’alimentation anti-inflammatoire pour notamment contrebalancer l’inflammation générée par l’ingestion de plastiques.
  • Privilégier les cosmétiques naturels ou biologiques sans microplastiques en vérifiant que les ingrédients suivants n’y figurent pas:

– Les polymères : -polymer, acrylates copolymer, alkyl alkylate crosspolymer…

– Les poly-ethylenes ou -propylenes : polyethylene glycol, polypropylene…

– Les PEG, PPG

– Les silicones, que l’on repère par les suffixes -icone, -oxane : dimethicone, cyclopentasiloxane…

– Les terminaisons -vinyl ou -cellulose

– Le PET désigne presque à coup sûr des microbilles de plastique

Conclusion

Si les connaissances sur l’ingestion de microplastiques et l’impact sur la santé humaine s’étayent depuis peu, le phénomène n’est pas récent. Même si elle s’est largement amplifiée, la présence des microplastiques dans l’eau, l’air, les aliments, les produits cosmétiques remonte à plusieurs décennies.

En tant que facteur probable d’inflammation et de stress oxydatif, les plastiques sont une cause parmi d’autres. L’alimentation pro-inflammatoire et pro-oxydante, les polluants solubles présents dans l’eau de boisson, ou les polluants respirés dans l’air pour ne citer qu’eux, sont autant de causes d’inflammation. La part de chaque source est « individu-dépendante » en fonction de l’alimentation, du mode de vie et de l’environnement.

En matière de nutrition, pour se protéger de l’inflammation et du stress oxydatif, on recherchera une alimentation riche en oméga 3 (sardines, maquereaux, harengs, huile de lin..), équilibrée en oméga 6 (huile de tournesol, arachide, viande, produits laitiers.. à modérer), riche en végétaux colorés et bio pour leur concentration en polyphénols anti-oxydants, avec une faible consommation de produits industriels transformés. En complément, une détoxification à une fréquence au moins annuelle allégera le corps de de la charge toxique absorbée.

Bibliographie:

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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC7068600/

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https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC8473407/pdf/toxics-09-00224.pdf

Wright S. et al. 2017 Plastic and Human Health: A Micro Issue?

https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/28531345/

https://www.researchgate.net/figure/Predicted-pathways-of-microplastic-uptake-from-the-gastrointestinal-tract-GIT-A_fig2_317078116

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https://www.theguardian.com/environment/2020/aug/17/microplastic-particles-discovered-in-human-organs

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Jangsun H. 2020 Potential toxicity of polystyrene microplastic particles

https://www.nature.com/articles/s41598-020-64464-9

Organes et systèmes impactés directement par les microplastiques (extrait de Campanale et al. 2020). Manque le système endocrinien impacté de façon indirecte par les polluants perturbateurs endocriniens véhiculés par le plastique.

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